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Sous la chapka, les smart cities pour libérer les esprits

En Pologne, comme partout dans le monde, les smart cities se développent et veulent révolutionner les modes de vies des citoyens. Leur essor y est plus compliqué qu’ailleurs : il faut composer avec l’héritage communiste et les jalons classiques des villes intelligentes.

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En Pologne, comme partout dans le monde, les smart cities se développent et veulent révolutionner les modes de vies des citoyens. Leur essor y est plus compliqué qu’ailleurs : il faut composer avec l’héritage communiste et les jalons classiques des villes intelligentes.

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En Pologne, comme partout dans le monde, les smart cities se développent et veulent révolutionner les modes de vies des citoyens. Leur essor y est plus compliqué qu’ailleurs : il faut composer avec l’héritage communiste et les jalons classiques des villes intelligentes


 

M

Mémoire de la Pologne, Kalisz est considérée comme la plus vieille cité du pays. Dans cette ville de 110 000 habitants, sites archéologiques du quartier de Zawodzie, églises gothiques et bâtiments néoclassiques rappellent les siècles traversés par cette localité immuable. Pourtant, si elle semble figée dans le passé, la ville est aussi l’un des berceaux des expérimentations des temps modernes : celui des smart cities.

Située dans la voïvodie de Grande-Pologne –au centre du pays-, elle est pionnière dans le développement des infrastructures intelligentes de l’éclairage des rues. C’est également la première commune du pays où tous les abonnés au fournisseur local d’électricité sont équipés de compteurs intelligents pour rationaliser la consommation. Ces expérimentations, initiées depuis plusieurs années, bénéficient d’un fort soutien de la population. Tout ceci concourt à en faire l’archétype des villes modernes polonaises.

 

Une Pologne foisonnante

 

Comme dans le reste du monde, ce pays d’Europe centrale n’échappe pas à l’émergence des smart cities. Ces dernières cherchent à concilier les piliers sociaux, culturels et environnementaux à travers une approche qui allie gouvernance participative et gestion éclairée des ressources naturelles afin de faire face aux besoins des institutions, des entreprises et des citoyens. Plus précisément, en Pologne, « trois piliers émergent : le premier est purement technologique. Le deuxième est lié à l’environnement tandis que le troisième est focalisé sur la participation des citoyens », résume Wojciech Przybylski, directeur du développement du parc technologique de Cracovie (CTP).

En Pologne, les initiatives relatives au smart cities foisonnent. De nombreux colloques se succèdent, comme celui de Pila au mois de mai 2014 ou celui de Varsovie, en septembre 2015. Mais ces idées prennent corps sur le bitume. « Je pense que les initiatives se font davantage dans des villes grosses ou moyennes. Elles sont pilotées par les besoins locaux, d’une façon pratique et raisonnable », estime Andrzej Sobczak, professeur à la Warsaw School of Economics.

 

Cracovie, l’approche systématique

 

A ce titre, Cracovie apparaît pour de nombreux observateurs comme ayant une approche systématique de la ville intelligente. L’aspect théorique et l’expérimentation s’effectuent via notamment le projet Smart Kom. C’est un partenariat entre le CTP, la région de Malopolska, la municipalité de Cracovie et deux partenaires internationaux : l’Université de Technologie de Vienne et le Forum Virium d’Helsinki. Le but est d’établir un diagnostic, puis de faire émerger de bonnes pratiques et de favoriser leur mise en place. La politique de smart city de Cracovie sera guidée par les conclusions du projet Smart Kom.

Les évolutions viennent également du terrain. Elles permettent, dans certains cas, de politiser des questions centrales, à l’instar de la pollution. La Pologne est l’un des plus gros pollueurs de l’Union européenne, notamment à cause de l’utilisation massive du charbon. Cracovie est fréquemment citée parmi les trois villes du continent où la qualité de l’air est la plus mauvaise.

 

Participation citoyenne

 

Pour lutter contre ce fléau, un regroupement d’ONG « Krakowski alarme Smogowy » (KAS) a mené une vaste campagne sociale pour forcer les politiques à interdire, d’ici 2019, l’utilisation du charbon. La décision est en jugement. Pour soutenir son action, KAS a développé, à côté des flash mob et des manifestations, une application mobile basée sur l’Open data [le fait pour un organisation privée ou publique de dévoiler des données collectées au cours de ses activités]. Cette application permet de calculer la qualité de l’air en direct. « Cette action démontre bien la complémentarité et l’interaction qui existe entre l’engagement de la population, la nécessité de vivre dans une ville écologiquement soutenable et l’apport technologique », explique un expert.

La participation des citoyens s’exprime aussi dans un projet atypique, mené depuis 2011 à Poznań, avec le soutien de l’Union Européenne. Les habitants participent via une application et un site internet au vote du budget. « Nous devons choisir des projets inscrits sur une liste d’investissements à réaliser en fonction des urgences.  C’est une idée très intéressante. Mais le problème, c’est que tout est urgent ici », estime Joanna Berłowska, une étudiante de 24 ans.

 

Composer avec l’héritage du communisme

 

Si le développement des smart cities prend en compte les particularités locales, en Pologne plus qu’ailleurs, il s’inscrit dans un héritage historique. La période communiste a laissé des traces : « Les conséquences des décennies  précédentes se traduisent par un sous-développement du pays, avec des infrastructures vieilles et en mauvais état. Il s’agit donc de prioriser les usages quotidiens », analyse Andrzej Sobczak.

Alors, certaines initiatives estampillées « smart city » permettent avant tout de réduire des lacunes et d’accélérer le développement, loin des ambitions des grandes mégalopoles mondiales. « L’intention de notre ville est de combler, à travers des solutions intelligentes, nos manques inhérents aux périodes précédentes », confirme Dominika Urbańska, conseillère municipale au développement urbain de Cracovie. « Mais finalement, notre objectif est le même à Sydney qu’ici : il est d’améliorer le quotidien de nos habitants », relativise l’élue.

Ces métamorphoses s’expriment notamment dans l’efficience énergétique, particulièrement à travers les Smart grids, des réseaux de distribution dits intelligents qui utilisent l’informatique pour optimiser les transports de flux, d’eau et d’énergie. A cet égard, la ville de Bielsko-Biała, dans le Sud-ouest de la Pologne est symbolique. Depuis 1997, elle mène une politique permettant aux citoyens d’obtenir un meilleur accès à ces ressources.

 

Une pensée encore cloisonnée

 

 

Une certaine pensée cloisonnée, héritée aussi de la période communiste, impacte le développement des smart cities. Les différentes initiatives échangent difficilement. « C’est l’héritage de la bureaucratie. Chaque département de la ville possède sa propre politique ainsi que ses agents, avance Wojciech Przybylski. L’organisation est trop archaïque dans cette vieille Pologne, même si l’organisation régionale initiée depuis 1999 tend à faire avancer les choses ». Mais selon lui,  l’émergence de cette philosophie de partage engendrée par les smart cities pourrait continuer à bousculer les lignes : « Cette approche pousse à la rencontre et à l’interaction, obligeant tous les acteurs à travailler ensemble : politiques, universitaires, entreprises, citoyens, etc. ». Et si, avant d’être technologique, la révolution des smart cities en Pologne s’exprimait avant tout dans les esprits ?

HGl1kPDJ

Maxime Hanssen

Un œil sur les startups et l’innovation, l’autre sur l’Europe centrale et les Balkans. Magyar d’adoption depuis que j’ai goûté la pálinka.

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